Dans la peau d’un cosmonaute
Tout compte fait,
il ne faisait pas siiiiiiiiiiii froid que ça là haut ! De -12 à -25°C. Je
m’attendais à pire. C’est juste qu’il faut adopter quelques petites habitudes
vestimentaires. Le matin on se lève 30 minutes plus tôt pour s’habiller.
Collant, sous-pull Damar, caleçon double épaisseur, chaussettes, col roulé,
jean, chaussettes de ski, pull, bottes en fourrure, écharpe en cachemire,
polaire, masque, cache-oreilles, bonnet, capuche, gants en laine, manteau,
écharpe en laine sac à dos et enfin, moufles ! Attention, il faut
respecter l’ordre, sinon on perd 10 minutes à recommencer. Une fois déguisé en
cosmonaute, on est plus froid, ha là, on a rendu la tâche difficile à Mr
LeFroid. Bon j’avoue qu’au bout de 2 heures de randonnée en ville on peut lui
accorder une petite victoire. Mais le résultat final du séjour c’est qu’on a
tous conservé nos 10 doigts de pied et de mains, nos 8 bouts de nez au total,
et nos 16 oreilles. Encore une victoire pour les schtroumpfs français contre le
climat sino-sibérien. Ce que j’ai préféré dans tout cet accoutrement, c’est
cette liberté de mouvement caractéristique des cosmonautes. Cette drôle de
démarche qu’on a tous les 8 dans la rue. Ces petits pas rapides et ces bras
légèrement décollés du reste du corps par on ne sait quelle force
anti-gravitaire. Ces grands mouvements de bustes que l’on doit faire pour
regarder si ceux qui sont derrière suivent toujours. Cette petite course sautillante que l’on
exécute pour pouvoir se rapprocher d’une amie et qu’elle nous entende sous ses
3 bonnets et son cache-oreilles. J’ai adoré danser sur la musique que diffusent
les magasins dans les rues piétonnes, la danse du pingouin c’est l’idéal pour
se réchauffer. Les petits jeux dansés pour se réchauffer en sautillant. Chanter
des chansons de Brassens ou Goldman pour se tenir chaud au cœur. Acheter un
café et être obligée de le boire à la paille pour ne pas tâcher mon écharpe
blanche. Acheter 2 tablettes de chocolat russe faire le sacrifice d’enlever la
moufle de ma main droite pour mettre un carré dans la bouche de chacun. Le
chocolat sa réchauffe et ça fait du bien au moral. On lutte comme on peut … Mais
surtout : trainer des pieds sur la glace pour imiter la marche des
pingouins. Pas besoin de patins à glace !!! Moi aussi je sais
glisser !!! Et Zip le Pingouin !!!
De retour à Beijing, à l’arrivée, comme d’habitude, les rabatteurs qui me proposent une chambre d’hôtel pour pas cher. « J’habite à Beijing ! », les taxis qui essayent de nous arnaquer de 20 yuans. Je suis quand même contente de rentrer chez moi, même si le lit y est moins confortable, la douche moins luxueuse ; je vais pouvoir retrouver le climat tropical pékinois, ranger mes gants, enlever une polaire et une écharpe, me balader le visage nu et pouvoir respirer l’air frai et pollué de la capitale à plein poumons.