Village

Qui a dit que Beijing était une grande ville ?
Que n'est ni !

Beijing est une grande ville pour l'adolescente qui rêve à une vie d'héroïne de film devant son écran d'ordinateur. Beijing est une grande ville pour ceux qui aiment vivre dans les grandes villes, ne pas connaitre leur voisin, ne pas connaitre l'épicier, ne pas dire bonjour à des gens dans la rue. Pour moi grande ville c'est que des "ne pas". Oui je sais ya aussi plein de "on peux ..." (mais il faut jouer au casse tête chinois du Beijinger et autres magazines citadins).

Mais pour moi Pékin n'a rien a voir avec les vrai grandes villes 'ne pas' comme Paris (je sais, j'ai une dent contre Paris, mais elle s'efface peu à peu, j'envisage même d'aller y passer un temps, un jour). Beijing c'est encore un ptit village. Tout le monde se connait dans mon quartier (très chinois), je discute avec tous mes voisins dans l'ascenseur, en m'arêtant acheter des nouilles à la concierge, tous les vendeurs de Baozi, Jiaozi, brochettes et autres patates douces du quartier me connaissent.

Quand on se balade dans les Hutong on se sent vraiment dans un petit village du bout du monde de la campagne européenne. Alors qu'on est en centre ville de la capitale d'un des plus grands pays du monde. Grand-mère qui étend son linge dans la rue, bébé qui cours après un papillon les fesses à l'air, maman qui épluche les haricot assise sur un tabouret en regardant les voitures passer, grand père qui répare le siège arrière de son vélo pour amené sa chérie en balade.

Mais quand on est étranger ?

Pour les étranger on a construit Sanlitun Village. C'est THE Village par excellence. A première vu, un simple centre commercial. Au deuxième regard, le centre de tous les touristes occidentaux et Hongkongais. Au troisième, le coeur de la vie nocturne pour expats. Et enfin, quand on y est familié c'est la maison, c'est notre village. On ne peut plus aller boire un coup sans croiser un ami, une connaissance, une connaissance d'un ami, ou un ami d'une connaissance.  Le monde est très très petit au Village, on ne s'étonne plus de voir que l'ami avec lequel on discute connait l'ami qui vient d'arriver sans les avoir présentés. On croise les gens dans la rue (même hors village, partout !)

Et le petit plus quand on est un étranger en Chine, c'est qu'on est seul, perdu par définition. Alors on se retrouve pour avoir l'illusion d'être un peu moins perdu. On a pas à rendre visite aux parents le dimanche, ni pour Noël, ni pour rien du tout. Alors on se forme une famille ici, on se lie d'amitiés plus ou moins fortes. On voit les gents qui vont et viennent. Ceux qui aiment Beijing y reviennent toujours. Mais personne n'y reste. On sait tous qu'on repartira un jour, mais qu'on reviendra aussi. On a plus de soirées d'adieux que de soirées d'anniversaires. Mais un évènement est venu déranger cet ordre des "choses en désordre" la semaine dernière. Un brésilien est mort.

Ce sont des choses qui arrivent pourrait-on penser. Mais non, personne à Beijing ne pense à la mort. La mort et la drogue sont deux concepts qui n'existent pas ici. On est à l'abri de tout, on est en sécurité, l'armée chinoise patrouille dans le quartier, que peut-il nous arriver ? Hé bah un accident de moto en soirée par exemple...

Ah ouai ...
J'ai l'impression d'avoir découvert que le Père Noël n'existait pas. Alors il y a des gens qui ont dit adieux à leur famille, là bas à l'autre bout du monde en leur disant "à dans 2 ans" et qui ne reviendront jamais. Des gens dont la famille ne pourra pas assister à la cérémonie d'adieux. Que les seules personnes qui y assisteront seront des "connaissances" d'un an ou deux.

Il parait que je le connaissais, que j'avais dansé avec lui, une fois. Peut-être. Mais c'est pas ça l'important. L'important c'est que j'ai découvert que même si la seule chose qui soit permanente c'est le CHANGEMENT, il n'est pas infini. Qu'un jour le changement mettra son point final.