Angkor et les Khmers

En 3000 av JC, des peuples du sud de la Chine entament une migration vers le Sud pour s'installer dans la péninsule indochinoise. Ce sont les ancêtres des civilisations austroasiatiques comme les Môns, leurs cousins Khmers. Les môns subissent des influances indiennes (hindouisme, écritures dérivées du sanscrit) dès le 1° siècle (après JC) et les Khmers dès le VI° s.
Au VII°s le roi khmer Jayavarman I° instaure sa capitale à Angkor Borey (au centre de l'actuel Cambodge). Au VII° s le peuple Khmer connait des troubles et se divise puis est dominé par les Javanais (venus de l'île Java, en indonésie). Et c'est Jayavarman II qui va unifier les peuples Khmers et les libérer des Javanais avant de se proclamer roi en 802. Il installe sa capitale au nord du Lac Tonlé, c'est l'âge d'or de la civilisation Khmère. Le culte du Dieu-roi (Devaraja) basé sur l'hindouisme est restauré. De nombreux temples sont construits au IX° s. Des travaux hydraulliques enrichissent le royaume. Ils pratiquent le culte du Bouddha, de Shiva et de Vishnou. Le roi Suryavarman I° qui règne entre 1002 et 1050 s'impose face aux autres royaumes de la péninsule et s'étend vers l'ouest. Le règne de son successeur est une période de paix pendant laquelle on construit le temple d'Angkor Vat dédié à Vishnou. Les Khmers parviennent à résister aux assauts de leurs voisins, Môns, Viets et Chams et concluent un traité de paix avec la Chine. Après le premier pillage d'Angkor en 1177 par les Chams, le roi Jayavarman VII s'impose en reprenant aux Chams la zone d'Angkor. À la fin du règne de Jayavarman VII, le Champa est pratiquement un état vassal. Angkor Thom est construite sur les ruines de l'ancienne capitale dévastée par les Chams. Au XII° s l'empire est à son appogée (voir deuxième carte).

Après la mort de Jayavarman VII, le Cambodge plonge dans un long déclin. Jayavarman VIII restaure le culte de Shiva aux dépens du bouddhisme. En 1285, il accepte de payer un tribut à Kubilai Khan (le copain de Marco Polo), l’empereur mongol de Chine et ne peut s'opposer à la constitution du royaume thaï de Sukhotai qui rompt les liens de vassalité qui l'unissait jusqu'alors à la monarchie khmère en 1295. Les Môns de Lopburi (ville du centre de la Taïlande qui appartiendra ensuite à l'État siamois) et les Lao ne vont pas tarder à s'émanciper eux aussi.

Petit apparté sur le royaume des Siams
(1238 - 1939)
Le Siam est l'ancien nom de la Thaïlande. C'est la transcription du nom donné au peuple thaï par les Cambodgiens. Au XIII^e siècle, les Khmers occupaient le pays avant que les communautés thaïes ne s'unifient et ne créent le royaume de Sukhothaï. En 1680 Versailles (Louis XIV) obtient le monopole du commerce des épices et tente de convertir le pays au catholicisme. Le pays a pris le nom de Thaïlande en 1939 après la prise du pouvoir par le général Plaek Phibunsongkhram. (à tes souhaits).
         
          Drapeau Siamois.
          Capitale : Sukhotai puis Ayutthaya

Ayutthaya profite de l'affaiblissement de son voisin pour lancer une attaque qui aboutit à la prise d'Angkor en 1351 et la déportation en esclavage d'une partie de la population. En 1431, le coup de grâce est donné par la prise d'Angkor Thom par les Siamois qui place le Cambodge dans un état de vassalité.   

Religion :
Alors qu'en Inde, le Bouddhisme qui s'était répandu dans l'ensemble du monde Hindou avait finalement été rejeté par le peuple, en Asie du Sud-Est, le Bouddhisme theravāda (appelé "petit véhicule"), s'est d'abord répandu dans le peuple alors que la cour restait attachée à l'Hindouisme. La tentative de Jayavarman VII de détourner cette réceptivité populaire au bouddhisme vers des formes mahayanistes avaient finalement échoué. À partir du XIV^e s le Bouddhisme devient un élément fondamental de l'identité cambodgienne. Les monastères, se substituant à une administration royale défaillante ou corrompue, se trouvent investis d'un rôle social.

Les Khmers sont restés sous domination Siam jusqu'au XIX° s. A partir du XVII^e siècle, le Vietnam commence à apparaître comme une puissance montante que les Khmers utilisent d'abord comme contrepoids pour réduire la domination siamoise. En 1623 Chey Chettha II, Roi du Cambodge, qui avait épousé une princesse vietnamienne, essaya de se libérer de la suzeraineté siamoise grâce à l’aide des Empereurs vietnamiens Nguyên. En compensation de cette aide, le souverain vietnamien de Huê exigea que le Cambodge accepte de recevoir des colons vietnamiens à Prey Kor (village de pêcheurs khmers qui deviendra Saigon/Hô-Chi-Minh-Ville)   

Aujourd'hui les Khmers ont le territoire cambodgien (et se pleignent de leurs voisins gourmands), les Siams ont la Thaïlande, les Môns ont une province au sud de la Birmanie, les Shans (qui ont succédé au royaume Pagan) une autre province à l'Est de la Birmanie et les Chams (Royaume de Champā) des marins/pirates qui ont été annexés au Viêt-nam au XII° s sont aujourd'hui musulmans (après avoir été hindous puis bouddhistes Mahâyâna) et ils occupent le sud du ViêtNam et une partie du Cambodge.

L'histoire de la péninsule Indochinoise est l'histoire de royaumes qui se succèdent et dont les Môns et les Khmers sont les ancêtres (comparables aux romains en Europe). Et la capitale actuelle du Cambodge est Phnom Penh, au sud est du lac Tonlé.


Ethnie Chams Musulmans au Cambodge.

Pour les grands parents que ça intéresserai (parce que moi ça m'intéresse) quelques romans autour d'Angkor:
Pierre Loti, Un Pélerin d'Angkor, 1913 (le roman est situé en 1901)
André Malraux, La Voie royale, 1930 (roman situé dans les années 1920)
Jean Boulbet, De Palmes et d'épines, Vers le paradis d'Indra, 2003 (tranche de vie d'un éthnologue à Angkor de 1963 à 1975)